10 novembre 2005

Au sommet du Mont Ventoux


On dirait un précipice devant soi, on dirait un désert, on dirait la Lune, on dirait le vertige, le vide et la beauté étalée, nue et fragile ... Qu'est-ce qui est le plus beau : le paysage que l'on voit, cette magnifique et enivrante profondeur de champ ... ou est-ce la montagne elle-même, ce dieu de roche qui nous porte, un dieu dégarni, sans visage, à la peau pelée, tannée par le vent ... ? Quand on atteint son sommet, le vent nous giffle, il est soudain froid et menaçant, il est l'aigle au-dessus de son nid. C'est le monde que l'on voit. Les Alpes sont une barrière de dents acérées, un champ de roches aiguisées, puis la plaine vers le sud, les champs d'oliviers et de vignes, une terre à manger et vers l'est, la montagne de Lure, soeur du Mont Ventoux se tient à côté, allongée, bosselée, elle aussi rongée et arrondie par les vents du nord. Ce qui frappe bien sûr, c'est la nudité, ce sommet blanc sans neige et le panorama à perte de vue. Le monde nous appartient, il attend sous nos yeux ébahis qu'on le découvre et le redécouvre tout doucement, dans le silence de cet étrange désert !

statistiques