
On est aspiré par ce film, il y a comme un vent d'allégresse qui nous pousse à l'intérieur de ce merveilleux cyclone ésthétique et sensoriel ...
Elle, c'est Pocahontas, très belle amérindienne qui vit en Virginie avec les siens et dont la vie va changer en ce moment où elle va croiser le regard du beau Capitaine Smith. Elle est le personnage central de ce quatrième et superbe film "Le Nouveau Monde" du réalisateur américain très rare
Terrence Malick. Elle habite ce film, ce "nouveau monde" d'une manière si belle, que l'on écoute ses pensées et ses pas avec une incomparable joie. Elle nous livre un monde enchanté, un monde dans lequel elle vit en harmonie. Et un jour comme les autres, glisse en silence sur l'eau les caravelles des nouveaux arrivants, colons anglais bien décidés à établir leur campement à cet endroit, campement qui deviendra en quelques années Jamestown. La musique de Wagner, "l'Or du Rhin" accompagne au début du film leur arrivée. La caméra glisse de la forêt, où se cachent les indiens intrigués, au rivage et le sable foulé par ces étrangers. Vont se nouer ensuite des liens bien difficiles et entre nos deux protagonistes et, on le devine, entre les deux communautés. Mais le film ne s'attache pas uniquement à nous raconter l'histoire d'amour de Pocahontas avec Smith et les affrontements entre indiens et colons anglais. Au contraire, il se détache avec une soif d'exploration de ce cadre narratif, débordant avec énergie et allégresse des limites du récit historique. La caméra de Malick est en fuite, elle métamorphose et dit son amour, son osmose avec la nature, elle drague les sentiments cosmiques que l'on découvre en toutes choses et chaque personnage. C'est un ravissement. La Virginie retrouve toutes ses couleurs sauvages, l'air est suave, la vie pleine de douceur. Pocahontas nous livre son intimité et le cinéaste, à travers un montage mettant en relation tous ces courants d'énergies et de pensées nous transporte dans un rêve éveillé, au sein d'un monde aujourd'hui anéanti.
Dans cet univers transcendé par la caméra sensorielle de Terrence Malick, Pocahontas alias Q'Orianka Kilcher évolue avec grâce et candeur nous offrant un magnifique personnage derrière lequel se cache une actrice de grand talent. Indéniablement une grande découverte et un immense plaisir de la voir vivre et habiter ce chef-d'oeuvre.
Le mystèrieux Terrence Malick nous donne un film magnifique et sauvage, festin d'images poétiques et romantiques, fasciné par la nature vers laquelle ses personnages vont et s'abandonnent. C'est un voyage au coeur d'un paysage, une ivresse de l'espace dans le temps.
Ce sont les plans évasifs sur cette nature qui laissent les plus profondes empreintes en moi ainsi que le regard sur elle et le monde que porte Pocahontas.
Écouter l'ouverture de "
l'Or du Rhin de Richard Wagner"