“Trans Canada Express” de Boards Of CanadaMais qui sont ou qu’est-ce que
Boards Of Canada, paire de deux frères discrets qui avec quelques singles et albums ont réussi à se frayer un chemin limpide dans la jungle de l’électro et se bâtir une prodigieuse réputation avec un parterre de fans médusés à l’écoute de chaque morceau.
Couronnés comme véritables prodiges par la communauté qui les suit, princes de l’électronica - famille de l’électro qui aurait une nature plus expérimentale et avant-gardiste -, héros d’une légende urbaine ou moderne, Prométhée qui rapporte ou retrouve le feu sacré d’une équation électronique naissante dans les années 70, etc.
On écluse le web à la conquête d’inédits et autres morceaux perdus ou abandonnés, on se rue sur chaque nouvelle sortie. Et c’est le cas pour l’arrivée toute fraîche de leur territoire insituable du single “Trans Canada Express”. Nouvelle pièce qui excite les admirateurs depuis plusieurs semaines et s’inscrit dans la continuité de leur album “The Campfire Headphase” sorti en octobre 2005. Celui-ci n’a pas tranché avec l’oeuvre déjà accomplie, mais nous rend les deux artistes encore plus indispensables, maîtres de leurs séquenceurs et de leur outillage mécanique. Car les deux frères, Mike Sandison et Marcus Eoin aiment torturer les vieilles machines, faire main basse sur d’antiques et vénérables synthétiseurs, redonner vie à cette poétique mécanique céleste. Il y a des bourdonnements et des vrombissements qui endorment, nous placent en apesanteur, les sons construisent une expérience sensorielle, on les voie et ils parlent, balbutient, ébauche onirique, une musique organique unissant les circuits délabrés et vieillissants aux fastes d’un coucher de Soleil. Organique, sismique et cosmique. On pourra la taxer de nostalgique, mais en vain, tellement le langage mis au point, réinvente. Une renaissance de l’architecture - et on est tenté de dire aussi “de l’architexture” - musicale.
Parlons un peu de ce nouveau single. D’abord, il est très recommandé de télécharger la
vidéo du morceau phare “Dayvan Cowboy”, hallucinatoire et en adéquation avec la musique qu’il épouse. À son image, la mélopée est une percée dans un autre monde de sensations, une plongée en apnée dans l’épaisseur du corps végétal et océanique, une danse avec une nature solitaire et libre. C’est à la liberté que l’on goûte, c’est elle qui compose, c’est elle qu’ils retrouvent dans le sein d’une terre mère. On ne peut s’empêcher de remarquer leur approche tactile et échographique de la nature, les esquisses et improvisations de l’univers minéral et végétal. Les deux frères artistes qui se sont “mis au vert” en Écosse aiment à habiller leurs pochettes de cette couleur comme c’est le cas pour ce single, nous dessinant une route, symbole du monde urbain et technologique, couverte de la couleur de l’herbe. Leur musique trouvant ici un écho graphique stylisé. On pénètre plusieurs atmosphères empilées et imprégnées de mélancolies. Séduction du grain des vieux enregistrements et de la graine semée dans nos imaginations.
Boards Of Canada enchante nos platines dans une aspiration filtrée des débordements sonores des années synthétiques.
À écouter aussi, l’excellent premier album de Natha Fake “
Drowing In a Sea of Love”. Quelques mots sur ce superbe album sur mon blog Le Cosmographe.
Site de
Boards Of CanadaPage du label Warp sur le single
Télécharger le single “
Trans Canada Express” sur le site Bleep
Télécharger le single “
Trans Canada Express” sur l’iTunes Music Store
Publié aussi sur le blog
Culture Café.
En écoute "
Satellite Anthem Icarus" Boards Of Canada