18 janvier 2006

Métaphysique d'une ville


Habitant, depuis peu, de l'antique et vénérable cité d'Avignon, autrefois occupée par les papes fuyant Rome (pendant moins de 100 ans, au XIV éme siècle), je ne peux m'empêcher de l'explorer.
D'où vient ce désir et cette nécessité d'approfondir ses connaissances du lieu qu'on occupe ?! En ce qui me concerne, c'est irrèsistible : je dois connaître l'histoire du lieu, je dois vivre, revivre cette histoire, mon imagination réclame les faits, je veux voir la ville et aussi me laisser envahir par son histoire ... C'est pourquoi les lieux disent et donnent leur mémoire, les lieux de mémoire chers à Pierre Nora.
N'avez-vous jamais rêvé devant le plan d'une ville ? Depuis ma tendre enfance, les portulans et autres cartes et contours du monde déssinés à la Renaissance me fascinent, je peux passer des heures, les yeux plongés dans ces cartes ..., imago mundi. À la recherche des belles et mystérieuses terra incognita, déchiffrant les noms de ces mondes nouveaux, remontant le cours des fleuves, découvrant le nom d'une montagne ou d'une ville lointaine, aux antipodes du monde occidental ou de ces villes dont le nom résonne dans les chapîtres de l'histoire antique, de civilisations dont tout le monde a oublié le nom ...
Contemplation aussi d'une ville, de ses rues, boyaux urbains qui conduisent dans les profondeurs d'une mémoire, de ces lieux qui emprisonnent le regard, retarde notre vision du monde, une ville, un cerveau, des méandres de pensées, contorsions du monde, ville-cerveau, ville-idée, ville-monde ... Et nous, qui sommes-nous, où sommes-nous ? Les villes nous racontent, elles s'installent dans notre corps de pensées, notre cerveau.

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