11 mars 2006

Lumière d'hiver en Avignon


"Au nord, le Petit Palais, suspendu au-dessus du Rhône, est un chef-d'oeuvre d'élégance aristocratique. Il abrite une éblouissante collection de peintures médiévales qu'une guide érudite et bavarde décrypte d'un oeil savant, traquant dans les tableaux des XIIIe et XIVe siècles les liens puissants "entre le vin et le divin". La visite commence par une Cène du XIIIe siècle, dont la mise en scène de la table, carafes, verres, calice, pain et agneau a été reprise deux siècles plus tard avec un goût du détail aussi émouvant que pédagogique. Elle se poursuit jusqu'à des crucifixions de la Renaissance où les fruits pendent des branches de la croix, concombre et poire aux connotations sexuelles à droite, pomme et vigne, aux connotations bienheureuses à gauche.

Le regard est aimanté par l'incroyable profusion de merveilles de la collection Campana, venue prendre place ici au milieu du siècle dernier. Traversée de la grande esplanade et montée vers la chambre du pape, tout en haut du Palais. Trois des quatre murs sont entièrement recouverts de rinceaux en volutes se terminant par des feuilles de vigne rouges et vertes.

Des oiseaux colorés y sont perchés. La vigne semble ici profane, comme quelques étages plus bas, à la bouteillerie du château, où se goûtent quelques crus de côtes-du-rhône, un châteauneuf - du pape évidemment -, un saint-joseph blanc ou un surprenant muscat de Beaumes-de-Venise, brillant et frais sur le salé d'un roquefort. Le divin du vin, pour sortir en grâce d'un parcours dépaysant dans le Moyen Age d'or de la cité."

Extrait de l'article "Lumière d'hiver en Avignon" de Michel Samson paru dans Le Monde aujourd'hui.

Lumières d'hiver en Avignon
LE MONDE | 10.03.06

© Le Monde.fr

"Popsicle" Cujo

statistiques