27 avril 2006

Les multiples identités d'Orion

Avec le printemps, le chasseur Orion s'échappe ... ! Quand on guette la grande et allégorique constellation au crépuscule, on remarque qu'elle suit le Soleil, disparaissant très vite dans les braises laissées par l'astre du jour.
Orion, en grec ancien, signifierait urine et parmi les innombrables légendes que l'on raconte à son sujet, on dépeint souvent ce personnage comme un géant et un chasseur. Son drôle de nom lui viendrait de ce mythe qui veut que Hyriée, petit paysan béotien, reçut en cadeau des dieux Zeus, Hermés et Poséïdon, pour son hospitalité, un fils après qu'ils prirent soin d'uriner dans la peau d'un taureau, qu'ils enterrèrent ensuite pour la confier à la déesse de la Terre, Gaïa ! On lui prête souvent des amours avec la déesse de la Chasse et de la Nature Artemis ou avec la fille d'Oenopion - roi de l'île de Chios, qui est l'asile éthylique du dieu Dyonisos - Mérope. Certains le décrivent comme brutal et frustre, une mauvaise fréquentation qui, au moyen de méthodes condamnables, aurait éffrayer les "7 soeurs" connues aussi sous le nom "les Pléiades". On les retrouve, elles aussi, dans le firmament, défendu par un redoutable taureau, après que Zeus les ai changées en colombes, afin qu'elles échappent aux griffes du géant !
Les légendes les plus répandues racontent qu'il tomba soit après s'être trop vanté d'être invincible, il aurait été piqué par un Scorpion géant, surgi des entrailles de la Terre sous l'ordre de la déesse Gaïa, soit sous les flèches de la belle et insaisissable Artemis. Celle-ci, défiait par son frère Apollon, devait atteindre avec une flèche, un rocher lointain sur l'horizon de la mer. Elle décocha sa flêche qui transperça ce qui était, en réalité, la tête du chasseur dont elle était éprise ! Apollon ne supportait pas que sa soeur soit si amoureuse de ce grotesque personnage.
Mais si on le voit, en ce moment, s'enfoncer sous l'horizon suivant le flamboyant Hélios, c'est parcequ'une autre histoire raconte qu'il doit gagner les forges du Soleil s'il veut recouvrir la vue. Le roi Oenopion venait de l'aveugler, après l'avoir lâchement enivré avec le vin qui coule à flot sur l'île, pour avoir osé approcher et séduire sa fille Mérope ! Aussi, Orion revient, quelques temps plus tard, renaissant avec l'aube, accompagnant la fugace Aurore et capable de voir à nouveau, de distinguer les beautés de ce monde qu'il arpente si allégrement et sans peine de ses grands pas de géant. On raconte aussi que Aurore "aux doigts de rose" ("L'Odyssée" d'Homère), soeur d'Hélios, était tombée éperdument amoureuse du héros, si bien qu'elle rougit les matins où elle peut le voir et pleure quand il n'est pas là, recouvrant ainsi la nature qui s'éveille, de ses larmes d'amour. Orion le pachyderme est un de ces héros paradoxaux comme en comptait de nombreux dans l'antiquité grecque et romaine, dont les mythes pouvaient à la fois susciter l'admiration et l'effroi, car s'y mélange orgueil, vanités, forces, amours et aussi petites vertus, lâchetés et parfois un mépris de la gente féminine. Les dieux décidèrent quand même de le placer dans le ciel aux côtés des personnages les plus glorieux, ils lui donnèrent la chance de n'être jamais oublié des hommes, d'appartenir à la fabuleuse histoire de ces hommes qui ont transmis une partie de notre riche culture.

Le célèbre compositeur de musique dite sérielle, Philip Glass a écrit et enregistré pour l'ouverture des Jeux Olympiques d'Athénes de 2004 - commandé par le comité culturel des Jeux Olympiques -, une musique placée sous le signe de cette constellation. L'oeuvre, interprétée avec la participation et la complicité de grands artistes des cinq continents, porte le nom d'Orion en allusion à l'incommensurable ciel étoilé partagé par toutes les cultures de la Terre. L'oeuvre montre ainsi , manifestement, son désir de s'inscrire dans une unité de temps et d'espace, voulant rassembler au sein de sa musique, la multitude de l'univers.
Il s'agit d'un chant gracieux, promenant l'auditeur d'un espace à un autre. Les orchestres du monde tissent leurs odes de fraternité, des élans de paix et de générosités traversent ce joyeux paysage multicolore, ne heurtant jamais les instruments. Tout se déroule dans le calme et l'harmonie, les mélodies s'assemblent, tout ce qui peuple notre imaginaire s'entrecroise, les esprits se concentrent et se connectent, aucune confrontation n'est perceptible.
Philip Glass crée une véritable synergie où l'on peut entendre chaque musicien éprouver le plaisir de donner le rythme à cette création originale, emplie de vitalité et de la beauté du monde. Oeuvre cosmique et cosmogonique, portée par le souffle créateur de cet artiste majeur.

"Orion" Philip Glass

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